L’année 2020 devait être l’année de l’Afrique en France. Année électorale oblige, cette grande manifestation nationale augurait de quelques cacophonies et de nouveaux exercices de contorsion linguistique pour séparer les bons sauvages de l’ivraie et les électeurs des terroristes. Comme on ne sait plus très bien si « la colonisation fut un crime contre l’humanité » ou pas tout à fait puisqu’« il y a eu des éléments de civilisation», l’année de l’Afrique qui était aussi celle des Jeux au Japon promettait d’inscrire le dérapage contrôlé aux disciplines olympiques. On aurait pu faire l’aveu que ce n’était pas l’année de toutes les Afriques, mais plutôt l’année d’une certaine Afrique en France, une Afrique luisante à souhait, une Afrique sans signaux faibles, sans ombre, sans trace sur le front, projetant à l’envie de splendides signaux forts, Afrique exubérante et hors d’elle-même comme une marchandise qui ne cesse de déborder de son emballage bariolé…
Texte publié au sein de la revue Tumultes N° 54 – Voix/voies entravées – Percées émancipatrices (p105 à 118)
