L’émeute indigène (fr)

Tristesse et colère. Silence. Les meurtres policiers et les révoltes se répètent. Rien ne semble avancer. Pas même le débat où l’on convoque de nouveau les nuisibles et les sauvageons pour nommer ceux qui n’ont pas de capacité politique propre, ceux qui ne produisent rien que du désordre et de la destruction. S’il y a des choses qui changent – le rapport à l’image et à sa production, le rapport de force à l’intérieur de la gauche aussi après les Gilets Jaunes – il y aussi des choses moisies qui ne changent pas et qu’il faut bien replacer dans une histoire coloniale qui se traîne comme une vieille boue se répand dans le marais national. Il y a un peu plus de dix ans, je publiais un bref texte, « l’Émeutier et la sorcière » sur quelque chose qui ne passait décidément pas. Une tentative de voir autre chose dans les émeutes qui avaient suivi les morts de Zyeb Benna et Bouna Traoré à Clichy-sous-bois. Un motif politique particulier : un devenir sorcière. Renaud-Selim Senli des éditions Météores m’a demandé – il y a déjà un moment, c’est vrai – d’écrire un livre qui revienne sur ce texte et forcément sur ses archives intimes, ses échos, ses mutations. J’ai traîné. Cette année pour avancer un peu sur le chemin de cette relecture, j’ai accepté d’en parler avec Justine Huppe et Julien Jeusette dans le dernier numéro de la revue l’Esprit Créateur (John Hopkins University Press, Baltimore) paru au printemps dernier. C’était avant cette nouvelle répétition qui nous frappe et nous force à inventer d’autres manières de dire, de faire et d’imaginer notre futur. Je partage cet entretien en espérant ne pas ajouter du bruit au bruit mais quelques bifurcations. Le livre paraîtra en 2024 avec beaucoup d’autres questions à travailler ensemble. Force aux familles, aux vivantes et aux morts.

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